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La population mondiale[1],[note 1] est le nombre d'êtres humains vivant sur Terre à un instant donné. Elle est estimée à 7,55 milliards au [p 1] selon l'Organisation des Nations unies alors qu'elle était estimée à 7 milliards au [2], à 6,1 milliards en 2000, entre 1,55 et 1,76 milliard en 1900, entre 0,813 et 1,125 milliard en 1800 et de 600 à 679 millions d'habitants vers 1700. Cette augmentation de la population tend cependant à ralentir avec une baisse mondiale plus ou moins importante de l'indice de fécondité.
En 2016, on estime que la population humaine mondiale augmente de 246 000 habitants par jour, résultat égal à la différence entre les 403 000 naissances et les 157 000 décès estimés par jour sur Terre, ce qui représente une hausse de 90 millions de personnes par an[3]. Le taux annuel de la croissance démographique de la population mondiale est de 1,2 %[3]. En 2014, environ 54 % de la population mondiale vit en milieu urbain[4].
Zone géographique | Population | Pourcentage de la population mondiale |
---|---|---|
Asie | 4 504 428 000 | 59,7 % |
Afrique | 1 256 268 000 | 16,6 % |
Europe | 742 074 000 | 9,8 % |
Amérique latine et Caraïbes | 645 593 000 | 8,6 % |
États-Unis et Canada | 361 208 000 | 4,8 % |
Océanie | 40 691 000 | 0,5 % |
Antarctique | 1 500 | 0,0 % |
Monde | 7 550 263 500 | 100,0 % |
Population mondiale par continent en 2017 (en millions d'habitants) |
La taille de la population mondiale passée ne peut être qu'estimée. Dans le passé, des démographes (Giammaria Ortes par exemple) ont cherché à calculer non seulement la population du monde, mais celle que le monde pouvait supporter au vu des ressources disponibles.
Pour celle d'avant le XIXe siècle, on peut se faire une idée de la densité de population via quelques registres de naissance et mort, ou certains recensements, ou encore via la production agricole estimée. La natalité n'est pas un prédicteur en soi : ainsi, l'enquête de démographie historique lancée par Louis Henry (Ined, fin des années 1950[8]) et la reconstitution des tables de mortalité françaises des XIXe et XXe siècles[9] ont montré que pour « une population qui n'avait pas la moitié de l'effectif actuel, le royaume de France comptait plus de naissances au milieu du XVIIIe siècle que la République aujourd'hui : un million au lieu de 765 000. Mais, dès l'âge de 10 ans, la moitié des enfants étaient décédés. D'où le très faible niveau de l'espérance de vie : 25 ans[10] ; elle a donc plus que triplé en deux siècles et demi », permettant dans ce cas une forte croissance de la population malgré une natalité en forte diminution[11].
Dans l'entre-deux-guerres, des projections parfois qualifiées de « pessimistes » prévoyaient un plafonnement de la population mondiale vers 2 milliards d'habitants en 2100. Mais, dans les années 1960, le constat de l'explosion démographique, notamment dans les pays où le taux de fécondité était jusque-là mal connu aboutit à de nouvelles projections, l'accroissement démographique atteignant un pic de 2,2 % en 1963[12]. Dans un article de 1995 (mis à jour en 2002), le démographe Carl Haub du Bureau du recensement des États-Unis estime qu'à la mi-2002, le nombre total d'êtres humains ayant vécu sur Terre est de plus de 106 milliards[13].
L'estimation suivante de la population mondiale à travers le temps se base sur la synthèse du Bureau du recensement des États-Unis pour la période allant de -10000 à 1940[14] et pour les années antérieures sur les données de l'Organisation des Nations unies (ONU)[15] et les études de Gregory Cochran basées sur l'ADN mitochondrial. On observe que la population a connu une faible croissance durant des milliers d'années, alors que la fin de l'époque moderne marque le passage à une croissance accélérée d'allure exponentielle avec un taux de croissance élevé[note 2] de la population, faisant passer le nombre de personnes vivant sur Terre d'environ 650 millions en 1750 à plus de 1,2 milliard un siècle plus tard et à plus de 2,5 milliards en 1950[16].
Année | Population mondiale |
---|---|
-100 000 | 0,5 million |
-10 000 | 1 à 10 millions |
-6 500 | 5 à 10 millions |
-5 000 | 5 à 20 millions |
400 | 190 à 206 millions |
1000 | 254 à 345 millions |
1250 | 400 à 416 millions |
1500 | 425 à 540 millions |
1700 | 600 à 679 millions |
1750 | 629 à 691 millions |
1800 | 0,813 à 1,125 milliard |
1850 | 1,128 à 1,402 milliard |
1900 | 1,550 à 1,762 milliard |
1910 | 1,750 milliard |
1920 | 1,860 milliard |
1930 | 2,07 milliards |
1940 | 2,3 milliards |
1950 | 2,5 milliards |
Combien d'humains ont-ils vécu sur Terre depuis l'apparition de l'espèce Homo sapiens? Répondre à cette question pose divers problèmes méthodologiques. Les estimations varient selon les sources. Le Bureau du Recensement des États-Unis, qui relève les limites méthodologiques de la problématique, en estimant que pour 99% de la population historique, il n'y a pas de recensement, arrive toutefois à un total d'environ 110 milliards jusqu'en 2011 (en prenant -50000 comme point de départ, ainsi que des données de fécondité à partir de -8000 estimées à 80 pour mille, diminuant progressivement jusqu'aux taux connus aujourd'hui. La population mondiale de 2011 représenterait ainsi 6.5% de la celle de l'humanité historique toute entière, battant en brèche une estimation des années 70 selon laquelle 75% de la population historique aurait été vivante à ce moment-là[17]. Pour d'autres, le chiffre serait plutôt de 80 milliards, dont la moitié aurait vécu jusqu'à l'an 1, et l'autre moité les 2 000 dernières années, dont 1 sur 5 aura vécu les deux derniers siècles, et près de 1 sur 10 sera encore vivant d'ici à 2025[18],[19]. Les découvertes de 2017 de fossiles d'Homo sapiens au Maroc datant de 300 000 ans modifieront également le calcul. Ces estimations sont donc susceptibles d'évoluer considérablement.
Année | Population mondiale | %± | Accroissement brut |
---|---|---|---|
1950 | 2 525 149 000 | ||
1955 | 2 758 315 000 | + 9,23 % | 233 166 000 |
1960 | 3 018 344 000 | + 9,43 % | 260 029 000 |
1965 | 3 322 495 000 | + 10,08 % | 304 151 000 |
1970 | 3 682 488 000 | + 10,84 % | 359 993 000 |
1975 | 4 061 399 000 | + 10,29 % | 378 911 000 |
1980 | 4 439 632 000 | + 9,31 % | 378 233 000 |
1985 | 4 852 541 000 | + 9,30 % | 412 909 000 |
1990 | 5 309 668 000 | + 9,42 % | 457 127 000 |
1995 | 5 735 123 000 | + 8,01 % | 425 455 000 |
2000 | 6 126 622 000 | + 6,83 % | 391 499 000 |
2005 | 6 519 636 000 | + 6,41 % | 393 014 000 |
2010 | 6 929 725 000 | + 6,29 % | 410 089 000 |
2015 | 7 349 472 000 | + 6,06 % | 419 747 000 |
Source : ONU (World Population Prospects: The 2015 Revision) |
Bien que le taux de croissance diminue, la population continue de croître de plus de 400 millions d'individus tous les cinq ans.
Le cap de 6 milliards a été atteint en octobre 1999. À cette occasion, les Nations unies ont symboliquement désigné un nouveau-né bosnien le « bébé 6 milliards ». Celui des 7 milliards a eu lieu officiellement le .
Région | 1950 | 1960 | 1970 | 1980 | 1990 | 2000 | 2010 | 2017 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Afrique | 9,0 | 9,4 | 9,9 | 10,8 | 11,9 | 13,3 | 15,1 | 16,6 |
Afrique du Nord | 1,9 | 2,1 | 2,2 | 2,4 | 2,6 | 2,8 | 2,9 | 3,1 |
Afrique subsaharienne | 7,1 | 7,3 | 7,7 | 8,4 | 9,3 | 10,5 | 12,1 | 13,5 |
Amérique | 13,5 | 14,1 | 14,1 | 13,9 | 13,7 | 13,7 | 13,6 | 13,5 |
Amérique du Nord | 6,8 | 6,8 | 6,2 | 5,7 | 5,3 | 5,1 | 4,9 | 4,8 |
Amérique latine et Caraïbes | 6,7 | 7,3 | 7,8 | 8,2 | 8,4 | 8,6 | 8,6 | 8,6 |
Asie | 55,4 | 56,1 | 57,8 | 59,3 | 60,4 | 60,7 | 60,3 | 59,7 |
Asie centrale | 0,7 | 0,8 | 0,9 | 0,9 | 0,9 | 0,9 | 0,9 | 0,9 |
Asie de l'Est | 26,7 | 26,5 | 26,9 | 26,7 | 26,1 | 24,6 | 22,9 | 21,8 |
Asie de l'Ouest | 2,0 | 2,2 | 2,3 | 2,6 | 2,8 | 3,0 | 3,3 | 3,5 |
Asie du Sud | 19,5 | 19,6 | 20,0 | 21,1 | 22,3 | 23,6 | 24,5 | 24,8 |
Asie du Sud-Est | 6,5 | 7,0 | 7,6 | 8,0 | 8,3 | 8,5 | 8,6 | 8,6 |
Europe | 21,7 | 20,0 | 17,8 | 15,6 | 13,5 | 11,8 | 10,6 | 9,8 |
Océanie | 0,5 | 0,5 | 0,5 | 0,5 | 0,5 | 0,5 | 0,5 | 0,5 |
La population mondiale continue de croître, mais l'accroissement ralentit en raison d'une baisse de la fécondité, le taux de fécondité moyen étant passé de 5 enfants par femme dans les années 1950 à 2,5 en 2015, avec de fortes disparités (Taïwan : 1,1 enfant par femme ; Niger : 7,6). Plus de la moitié de l'humanité vit dans une région du monde où le taux de fécondité est inférieur à 2,1 enfants par femme, taux nécessaire au remplacement des générations dans les pays développés. L'augmentation de la population concerne surtout les pays du Sud, notamment l'Afrique dont la population devrait doubler dans les prochaines décennies.
Selon l'étude sur la démographie du monde musulman, Le Rendez-vous des civilisations (Seuil, 2007), Youssef Courbage et Emmanuel Todd constatent que la fécondité des femmes est passée de 6,8 enfants en 1975 à 3,7 aujourd'hui – 2,2 au Maroc, 2,1 en Tunisie. Cette baisse, remarquent-ils, suit partout l'alphabétisation des femmes[20]. Néanmoins, les objectifs du millénaire concernant la parité des sexes dans l'enseignement n'ont été atteints que partiellement (atteints en Afrique du Nord, en Asie de l'Est et en Amérique latine, mais pas en Afrique subsaharienne ni en Asie du Sud)[21], et l'effet démographique escompté ne s'est pas produit au niveau attendu.
Depuis les années 1970, la politique de l'enfant unique a freiné la démographie de la Chine. Hervé Le Bras souligne qu'aucune institution n'est cependant capable d'imposer une législation limitant la croissance démographique : ce sont essentiellement l'accès à la contraception et à l'avortement qui agissent de façon significative sur le taux de natalité[22].
Un taux de fécondité en baisse induit sur le long terme un vieillissement important de la population. Cela est déjà le cas dans plusieurs pays riches, principalement en Europe et en Asie orientale. Une phase identique de vieillissement devrait aussi se produire, dans une moindre mesure et plus tardivement, dans les autres pays.
Période | Taux de fécondité | |
---|---|---|
1950-1955 | 4,96 | |
1955-1960 | 4,89 | |
1960-1965 | 5,03 | |
1965-1970 | 4,92 | |
1970-1975 | 4,46 | |
1975-1980 | 3,87 | |
1980-1985 | 3,60 | |
1985-1990 | 3,44 | |
1990-1995 | 3,02 | |
1995-2000 | 2,75 | |
2000-2005 | 2,63 | |
2005-2010 | 2,57 | |
2010-2015 | 2,52 | |
2015-2020 | 2,47 | |
Source : Base de données démographiques de l'ONU[23]. |
Pour le démographe, se projeter à échelle mondiale au-delà de 50 ans est un exercice très difficile. En effet, des variations apparemment faibles de la fécondité considérée à un instant "t", combinées à une tendance à l'allongement de l'espérance de vie, conduisent après quelques décennies à de grandes différences dans la taille des populations. Ces différences, à partir d'un point de départ de 7 milliards d'habitants, se mesureront en centaines de millions ou en milliards de personnes en plus ou en moins 50 ou 100 ans plus tard. Et la différence entre les scénarios envisagés s'accentue avec le temps.
Il faut enfin noter que des facteurs écoépidémiologiques, climatiques ou socio-économico-politiques imprévus peuvent influencer tous les scénarios et tendances.
Tous les deux ans, l'Organisation des Nations unies (ONU) publie une étude intitulée World Population Prospects qui détaille l'évolution passée et future de la population mondiale. La dernière étude, The 2017 Revision[p 1], a été publiée en juillet 2017.
Parmi les différents scénarios de l'ONU, on distingue : une variante basse, une variante moyenne et une variante haute. Le tableau ci-dessous résume ces trois scénarios :
Projections de la population mondiale | |||
---|---|---|---|
Année | Variante basse | Variante moyenne | Variante haute |
2020 | 7 725 860 000 | 7 795 482 000 | 7 865 019 000 |
2030 | 8 226 821 000 | 8 551 199 000 | 8 875 433 000 |
2040 | 8 580 189 000 | 9 210 337 000 | 9 847 129 000 |
2050 | 8 752 755 000 | 9 771 823 000 | 10 849 107 000 |
2060 | 8 719 008 000 | 10 222 598 000 | 11 899 382 000 |
2070 | 8 529 988 000 | 10 575 847 000 | 12 965 645 000 |
2080 | 8 209 265 000 | 10 848 708 000 | 14 088 280 000 |
2090 | 7 777 286 000 | 11 050 055 000 | 15 285 550 000 |
2100 | 7 275 464 000 | 11 184 368 000 | 16 521 245 000 |
Source : Base de données démographiques de l'ONU[24] |
On ignore à quel niveau la population humaine pourrait se stabiliser, ni même si elle se stabilisera (augmentera ou diminuera), compte tenu des incertitudes concernant l'évolution du comportement reproductif de l'espèce. En effet, il sera toujours difficile de prévoir si le taux de fécondité au niveau mondial augmentera, diminuera ou se stabilisera au niveau de la période 2010-2015 : 2,5 enfants par femme[p 3]. Le seuil de remplacement qui garantit une augmentation de la population est un taux de fécondité supérieur à 2,1[p 4].
L'ONU a d'abord supposé dans les années 1990/2000[25], et alors que le cap des 6 milliards de terriens était atteint vers 1999[26] que la population pourrait se stabiliser à la fin du XXIe siècle vers 9,5 milliards d'êtres humains (scénario moyen). En 2011, le Département des affaires économiques et sociales de l'ONU a fortement révisé (à la hausse) ses hypothèses et conclusions en termes de projection démographique (2010 Revision of World Population Prospects)[27].
La dernière projection (2017) porte la prévision 2100 à 11,18 milliards de personnes ; on constate une dérive très nette dans ces prévisions :
Évolution des prévisions de l'ONU (scénario moyen, en milliards d'habitants) | ||
---|---|---|
Prévision ONU | Population en 2050 | Population en 2100 |
Prévision 1998[25] | 9,1 | 9,5 |
Prévision 2011[27] | 9,3 | 10,1 |
Prévision 2013 | 9,55 | 10,85 |
Prévision 2015[28] | 9,72 | 11,21 |
Prévision 2017[p 1] | 9,77 | 11,18 |
La croissance de la population mondiale est telle que certains parlent de surpopulation et posent la question de la capacité de charge de la planète sur le plan environnemental.
La croissance démographique a pour effet d'augmenter l'empreinte écologique totale et de diminuer la biocapacité disponible par tête. Ainsi, malgré les progrès techniques (intrants agricoles, irrigation...) qui ont contribué à augmenter la capacité agricole par l'accroissement des rendements moyens par hectare des cultures, portant ainsi la biocapacité totale de la planète de 9,5 à 12,2 milliards d’hectares globaux (hag)[note 3] entre 1961 et 2013, la population humaine mondiale étant passée de 3,1 à près de 7 milliards d’habitants durant la même période, la biocapacité disponible par tête a été ramenée de 3,12 à 1,71 hag[29]. En 2012, l'empreinte écologique de l'humanité atteignait 20,1 milliards d'hag, soit 2,8 hag par personne, alors que la biocapacité de la Terre n'était que de 12,2 milliards d'hag, ou 1,7 hag par personne, soit une surexploitation écologique de 65 %. Il faudrait donc 1,65 années pour régénérer les ressources consommées par l'homme en 2012 et absorber le CO2 produit[30].
Autres références :
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