La démographie est l'étude quantitative et qualitative des caractéristiques des populations et de leurs dynamiques, à partir de thèmes tels que la natalité, la fécondité, la mortalité, la nuptialité (ou conjugalité) et la migration.
Le démographe analyse les variations de ces phénomènes dans le temps et dans l'espace, en fonction des milieux socio-économiques et culturels.
Sur cette base la prospective démographique est en mesure d'établir différents scénarios d'évolution : de type tendanciels, alternatifs, de crise ou de ruptures, etc.
L'augmentation de la population mondiale, notamment depuis la révolution industrielle et en raison des progrès de la médecine, est devenue au XXe siècle une explosion démographique très rapide (jusqu'à 1 milliard d'êtres humains de plus tous les 12 ans, majoritairement dans les Pays du Sud) entrainant indubitablement une série d'incidences importantes sur l'évolution des sociétés et des nations dans le monde, pouvant constituer -au-delà d'un certain seuil- un frein au développement . Ainsi les thèmes contemporains du Développement durable intègrent aujourd'hui les questions encore très controversées du contrôle de l'évolution numérique des populations et de leurs migrations.
La démographie se trouve donc au centre des politiques de populations (notamment, celles de limitation des naissances pour des pays comme la Chine), des politiques d'immigration, mais également des politiques sociales de nombreux pays, notamment pour les systèmes d'assurances sociales, dont les prévisions reposent sur l'anticipation du nombre d'individus par classe d'âge : jeunes, population active, retraités, calculables grâce aux taux de natalité, de mortalité, de fécondité entre autres.
Plus récemment, les méthodes et outils démographiques ont débordé le cadre de la discipline pour être utilisés dans le champ plus vaste des sciences humaines appliquées et en particulier dans le domaine des études de marché ou des études de zone de chalandise afin de mieux « segmenter » et « cibler » des profils de consommateurs de plus en plus pertinents.
Histoire
- Antiquité : La démographie est ou a été présente dans de nombreuses cultures et civilisations, dont celles qui se sont succédé en Chine et en Inde, de la Grèce antique[1] et en occident dans la Rome antique et les civilisations [2].
On la trouve dans la Grèce antique dans les écrits d'Hérodote, mais aussi chez Thucidide, Hippocrate, Épicure, Protagoras, Polos, Platon et Aristote[2].
Chez les Romains elle est retrouvée chez des politiciens, écrivains et philosophes tels que Cicéron, Sénèque, Pline l'Ancien, Marc Aurèle, Épictète, Caton l'Ancien ; Columelle a aussi exprimé des idées importantes à ce sujet[2].
- De la Renaissance aux lumières... Les Observations naturelles et politique ... relatives aux Lois de la mortalité (Natural and Political Observations ... upon the Bills of Mortality, 1662) de John Graunt contiennent une forme primitive de table de mortalité. Des mathématiciens, tels que Edmond Halley développent des tables de mortalité comme base mathématiques pour les premières formes de calcul d'assurance-vie, voire de sécurité sociale comme le font Henry de Boulainvilliers, Faiguet de Villeneuve, du Beissier de Pizany d'Eden[6].
L'étude de la démographie est renforcée ensuite par les progrès importants dans l'espérance de vie et son estimation qui se produisent au milieu du XVIIIe siècle, grâce aux Table de mortalité successivement publiées par Antoine Deparcieux (1746, Théodore Tronchin (1748), Pehr Wilhelm Wargentin (1749), Thomas Simpson (1752), Johann Peter Süssmilch (1761), ou encore Daniel Bernoulli (1763). L'un d'eux, Pehr Wilhelm Wargentin a créé en 1749 le Tabellverket, appelé "Bureau des Tables", premier institut de statistique au monde, issu des premiers recensements que le Royaume de Suède avait ordonné à l'Église de Suède d'effectuer en 1686.
Richard Price est crédité du premier manuel sur les contingences de la vie publié en 1771 [7], suivie plus tard par Augustus de Morgan « Sur l'application des probabilités aux aléas de la vie » (1838)[8].
En 1778, Jean-Baptiste Moheau publie les Recherches et considérations sur la population de la France[9], qui compare la force et la taille de l'homme selon les pays, mais qui s'intéresse aussi au nombre relatif des naissances d'hommes et de femmes (il constate qu'il y a 16 naissances d'hommes pour 15 femmes. Moreau s'intéresse aussi aux métiers destructeurs de la santé, etc. Citons également le démographe vénitien Giammaria Ortes, considéré comme démographe pré-malthusien[10],[11], ainsi que le chinois Hong Liang Ki[12].
À la fin du XVIIIe siècle, Thomas Malthus conclut que, si rien n'était fait pour réduire puis stabiliser la démographie humaine, la croissance démographique serait de type exponentielle, avec le risque que la croissance de la population ne vienne à dépasser la croissance de la production alimentaire, conduisant à des famines et une pauvreté croissante (voir malthusianisme. Malthus est souvent considéré comme le créateur du concept de surpopulation et des limites de la « croissance ».
- Révolution industrielle : En occident, alors qu'avec l'industrie et l'accès à de nouvelles ressources (charbon, puis pétrole), on s'inquiète moins de la surpopulation, des modèles plus sophistiqués et jugés réalistes sont mis au point et diffusés par les mathématiciens Benjamin Gompertz et Verhulst.
La seconde moitié du XIXe siècle, ou plutôt la période 1860-1910, est une période de transition où la démographie émerge du domaine des statistiques comme un domaine d'intérêt à part entière.
Cette période a connu de grands démographes tels qu'Adolphe Quételet (1796-1874), William Farr (1807-1883), Louis-Adolphe Bertillon (1821-1883) et son fils Jacques (1851-1922), Joseph Körösi (1844-1906), Anders Nicolas Kaier (1838-1919), Richard Böckh (1824 - 1907), Wilhelm Lexis (1837-1914) et Luigi Bodio (1840-1920) qui ont contribué au développement de la démographie, et de nombreux outils statistiques et de prospective pour l'analyse et la prévision démographique[13].
Méthodes
Les démographes ont recours à diverses méthodes pour expliquer les phénomènes démographiques.
Ils puisent notamment dans les connaissances de disciplines connexes, comme la sociologie, l'économie, la géographie, la sociologie, la santé reproductive et bien sûr l'histoire pour que leur interprétation soit la plus juste possible. La démographie dépasse donc largement le cadre de l'analyse statistique et permet d'étudier les phénomènes affectant les populations dans une perspective globale.
Principaux indicateurs démographiques
Étude d'une population par âge
Étude d'une population par sexe
Étude de la natalité et de la mortalité d'une population
Étude des migrations
Démographie par régions et pays
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