La vie après la mort (synonymes : « après-vie », « existence post-mortem », « outre-tombe », « vie dans l'au-delà », « Vie éternelle »[1]) est l'hypothèse de la survivance de l'esprit, de l'âme ou de la conscience d'un être vivant après la mort. Les concepts d'esprit et de conscience font l'objet de controverses et la position scientifique majoritaire est qu'il n'existe pas de preuve de l'existence d'une vie après la mort.
L'étude religieuse du destin de l'âme après la mort s'appelle « eschatologie individuelle » (Eschatos (ἔσχατος) en grec « dernier » et logos « parole »). L'eschatologie est donc la doctrine qui concerne les fins dernières, les temps ultimes, soit de l'individu après sa mort soit de l'humanité à son extinction (eschatologie humaine), soit du monde à sa disparition (eschatologie cosmique).
Il existe une documentation volumineuse sur cette question depuis des siècles, principalement de source religieuse. Il existe cependant quelques études ethnologiques[2] et des thèses philosophiques. Diverses traditions et courants de pensées s'intéressent à cette question, comme le chamanisme, le lamaïsme, le spiritisme, la théosophie, ou l'anthroposophie. Il existe aussi des témoignages populaires concernant les manifestations de défunts ou des expériences de mort imminente.
Toutes les civilisations, depuis la préhistoire, ont laissé des traces de croyances en une existence après la mort, chacune avec sa propre perception de l'immortalité, de l'esprit, de la rétribution des âmes et du sens de la vie. Ainsi, la croyance en la survie de l'âme, autant que le respect des défunts, sont à l'origine des divers rites funéraires[3],[4].
Quantité de philosophes et de théologiens ont développé des raisonnements pour prouver l'existence de l'âme et son immortalité ou sa survivance. Platon, dans le Phédon, a avancé cinq preuves ou raisonnements : 1) par les opposés (69-72 : « les vivants naissent à partir des morts », donc l'âme existe après la mort), 2) par la réminiscence (72-78 : « notre âme existe avant même d'arriver dans un corps », elle a appris dans un temps antérieur, où elle n'était pas dans une forme humaine, et elle peut s'en souvenir), 3) par l'affinité (78-84 : « l'âme ressemble au divin », or ce qui est divin est immortel ; d'autre part, après la mort, l'âme va à son semblable, le divin, l'immortel, le sensé), 4) par l'harmonie (84-86 : un corps n'est vivant que par le mélange bien composé de propriétés opposées, c'est-à-dire la vie, c'est-à-dire l'âme), 5) par l'essence (102-107 : il est de la nature de l'âme d'être immortelle, indestructible, incorruptible).
Le raisonnement intellectuel envisage aussi des analogies avec certains phénomènes naturels. Ainsi, la mort serait comme le sommeil (suivi du réveil)[5], comme l'hiver (suivi du printemps). Le principe de l'enfouissement des corps n'est pas sans rappeler non plus celui des graines en agriculture.
De tout temps, des contacts sont allégués avec les défunts. Pline le Jeune a laissé une célèbre histoire de fantôme[6]. Victor Hugo a décrit exhaustivement - et même horodaté - ses dialogues avec l'au-delà dans Les tables tournantes de Jersey. Bertrand Russell lui-même, dont le scepticisme entendait examiner toute hypothèse, prend acte de ces allégations, mais précise[7] : « ces témoignages pourraient établir que nous survivons, mais ne prouveraient pas pour autant que nous survivons éternellement ». Les expériences vécues peuvent être classées en plusieurs catégories :
Depuis sa naissance au XIXe siècle, le spiritisme a eu de nombreux adeptes. Cette doctrine affirme possible la communication avec les esprits des morts. La méthode expliquée par les ouvrages spirites[8] nécessite généralement la participation d'un ou plusieurs médiums. La médiumnité n'est cependant pas reconnue unanimement comme une réalité. Bien que peu étudiée, la pratique du spiritisme est actuellement très populaire au Brésil[9].
Raymond Moody (La Vie après la vie, 1975) a rapporté le témoignage de personnes ayant subi une mort apparente et qui, une fois réanimées, décrivent une expérience qui, d'un sujet à l'autre, offre des ressemblances. « L'expérience modèle », selon Moody, se présente ainsi :
En France, le docteur Jean Jacques Charbonier a relaté le même genre de témoignages dans plusieurs de ses ouvrages.
Depuis la Grèce antique, il est question de personnes qui auraient le souvenir de leurs incarnations passées (Pythagore, Empédocle) ou qui soutiennent que l'on peut se rappeler sa vie dans l'Hadès ou dans le monde idéal (Platon : la réminiscence). Empédocle : « Un homme extraordinaire par son savoir, un génie ayant su acquérir un trésor de sapience Pythagore... pouvait évoquer les souvenirs précis de tout ce que, homme ou bête, il avait été en dix et même vingt vies humaines vécues » (fragment 129). - Un esprit critique oblige à ajouter que les « souvenirs des vies antérieures » pourraient être l'expression de fantasmes ou des amalgames mentaux. La réminiscence n'est qu'une théorie philosophique.
Albert de Rochas d'Aiglun fut au XIXe siècle un des rares scientifiques à initier des recherches expérimentales sur les médiums et sur les manifestations de l'au-delà (voir illustration ci-contre).
Ian Stevenson, professeur à l'Université de Virginie, a analysé des milliers de témoignages sur la réincarnation, et publié vingt cas suggérant le phénomène de réincarnation[11]. Il s'appuie sur les souvenirs, la confrontation entre les souvenirs que les « réincarnés » ont de leur vie passée et des réalités qu'ils ne connaîtraient pas. Par exemple, Parmod, né le 11 octobre 1944 dans l'Uttar Pradesh (Inde), déclare, vers deux ans et demi, que sa femme vit à Moradabad, à trois-quatre ans il dit avoir eu un magasin de biscuits appelé « Mohan Frères », à Moradabad, qu'il avait été malade après avoir trop mangé du lait caillé ; Stevenson contrôle : chez les « Mohan Frères » de Moradabad, un Parmanand est mort le 9 mai 1943, à la suite d'une maladie contractée après s'être gavé de lait caillé... Mais Stevenson refuse cependant de prendre position entre fraude, cryptomnésie, perception extra-sensorielle associée à la personnification, possession, réincarnation (p. 662).
Pierre A. Riffard[12], propose un arbre de décision des divers concepts et choix idéologiques concernant la vie après la mort : une dizaine de types de survivance sont envisagés, qui peuvent coexister ou se succéder, fusionner ou se répartir selon les personnes, les actions, les circonstances. Elles se déclinent principalement en existence neutre, existence larvaire, existence démoniaque, damnation ou salut, transmigration par réincarnation ou par métempsycose, transformation en étoile, palingénésie universelle ou éternel retour.
Dans le bouddhisme originel[14], les êtres vivants (sattva) se répartissent en Six Destinées (gati), selon les actes dont ils éprouvent la rétribution selon les actes des vies antérieures : 1) habitants des enfers (naraka, séjours des damnés, souffrant, jusqu'à épuisement du mauvais karma), 2) animaux, 3) trépassés (preta, intervalles des mondes où vivent les trépassés, morts faméliques), 4) titans (asura, dieux inférieurs), 5) dieux (deva), 6) hommes. Entre les destinées successives, les êtres sont dans une existence intermédiaire (antarâbhava). Il s'exerce moins une loi des causes, une rétribution des actes (karman), qu'un processus automatique, une transmigration (samsâra) due aux actes du corps, de la parole ou de l'esprit : par effet naturel, toute action appuyée sur une volition produit ses effets. L'être qui transmigre (Pudgala) n'est pas vraiment une personne, plutôt un agrégat (Skandha), une continuité phénoménale aux éléments changeants, sans soi permanent. L'enchaînement de la transmigration est dû à trois racines du mal (akushala, Trois Poisons) : le désir, la haine, l'ignorance. Le saint (Arhat), libéré des divers liens, n'a plus de renaissance (Punarbhava, en pāli : punabbhava).
Selon le christianisme, les morts ressusciteront :
Jésus ressuscite les morts (Jean 6, 40) : « Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour »
Jésus est la voie vers son Père, c'est par lui que l'on peut atteindre la vie après la mort. « Jésus (...) dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14, 6). Les souffrances d'ici-bas sont alors perçues comme de multiples occasions de les unir à la souffrance du Christ crucifié et ainsi de devenir des êtres donnés à l'image de son enseignement (« aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34)) et ainsi obtenir la grâce de l'éternité. Le chrétien engagé dans une telle démarche spirituelle accepte conséquemment la souffrance comme une grâce de salut, et cela, tout en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour la faire diminuer autour de lui. Il participe ainsi à la souffrance rédemptrice du Christ par sa condition de mortel qui, en aucun cas, n'échappe à la souffrance. Sur le plan théologique, le moment de la mort correspond pour le chrétien au jugement particulier de l'âme où se détermine son destin éternel en fonction de son acceptation ou non de l'amour de Dieu en pleine conscience[15].
La Bible fait référence à la vie après la mort, et cite les paroles du Christ à ses disciples à cet effet :
La vie après la mort dans la théologie évangélique est très semblable à celle avant la mort. Les différences notables sont :
Mais ceux qui sont sauvés, c'est-à-dire qui auront accès à cette nouvelle vie, vivront sur une Terre semblable (ou identique ?) à la nôtre, dans leurs corps ressuscités et glorifiés (c'est-à-dire sans défaut).
L'accès à cette nouvelle vie est acquis uniquement par la reconnaissance de notre incapacité à mériter par nos œuvres l'accès à ce salut, et l'acceptation du cadeau de la grâce (Ephésiens 2:8-9).
Voir Sola gratia, Sola Fide.
Dans l'hindouisme des Upanishad, chez Yâjñavalkya (VIe s. av. J.-C.), fondateur du Yajur-Veda blanc, apparaît la notion de renaissance, de réincarnation ; dans sa Brihadâranyaka-Upanishad[16], la notion de rétribution des mérites et des fautes apparaît, karman signifie acte, « acte moral et résultat de l'acte » (et non plus seulement « rituel »), l'homme se dissout à la mort, mais son karman est cause d'une nouvelle naissance qui héritera de ses actes bons ou mauvais de l'existence antérieure. Selon la tradition hindoue, il faut cinquante-deux millions de naissances avant de renaître comme un humain : on se réincarne ainsi en végétaux et en différents animaux, pendant des millions de fois, avant de retrouver une matrice humaine, de même qu'un embryon (symbole végétal) devient fœtus (symbole animal) avant de naître en tant que nouveau-né humain, s'il n'a pas réussi à sortir de la matrice de la Nature par la Délivrance du cycle des réincarnations (grâce aux différents types de yoga amenant à détruire l'ego, l'égoïsme étant le principal obstacle à l'Union avec le Divin)[17]. Dans un ouvrage attribué au même Yâjñavalkya, le Shatapatha-Brâhmana, du Yajur-Veda blanc, il est posé que ceux qui n'accomplissent pas correctement les rites renaissent après la mort, que l'immortalité acquise par les rites est de durée limitée, que la crémation produit une nouvelle naissance ; qu'on passe à la mort entre deux feux, qui brûlent les méchants et épargnent les bons, lesquels vont alors vers le Soleil. D'autres Brâhmana ajoutent que le père renaît dans le fils.
Les musulmans croient qu'un certain nombre d'évènements surviennent après la mort dont les étapes les plus importantes sont :
L’âme se détache du corps par l’intermédiaire d'un ange spécial dit ange de la mort. Selon l'islam, le sommeil est considéré comme une mort. L’âme doit attendre la fin du monde. les martyrs sont projetés dans le temps, selon le coran le martyr ne meurt jamais il va directement au paradis.[réf. nécessaire]. NB : Le martyr, pour l'islam, est non celui qui a renoncé à la vie plutôt que d'abjurer, mais est celui qui est mort pour une cause, jugée noble ou sacrée, à un moment donné de l'histoire. Selon l'islam celui qui est mort en défendant ses biens est considéré comme un martyr.
Elle est soudaine en ce sens qu'elle surgit d'une manière brusque et rapide. Seul Dieu en connaît l'échéance[18]. C'est dans ce sens général, qu'elle est cosmique. Dans le coran et les paroles du prophète, tous les messagers antérieurs à Mohammed ont parlé de ce jour apocalyptique. Tout doit disparaître.
Le jour du jugement connaît plusieurs étapes :
Remarque : Est ce que les musulmans croient au supplice et à la félicité dans la tombe ? Les théologiens disent qu'il s'agit d'un sujet à controverse et les tendances religieuses se divisent sur le sujet. Les paroles prophétiques qui parlent d'un jugement ici bas dans la tombe ne sont pas convaincantes quant à leur véracité selon certains courants, et sont justes et sans équivoque selon la tendance sunnite par exemple... Notez bien que les paroles prophétiques ne sont pas toutes véridiques et exactes (mauvais rapporteur...). Seul le coran, d'après les théologiens, n'a pas pu être déformé car il fut récité par les musulmans et puis préservé par écrit quelques années après la mort du prophète de l'islam. Le supplice et la félicité dans la tombe ne sont mentionnés que dans certains hadiths de la sunnah (paroles prophétiques). Selon cette dernière, après la mort, toute personne sera questionnée dans sa tombe par deux anges du nom de Mounkar et Nakir. 3 questions leur sont posées : « Qui est ton Seigneur ? Qui est ton prophète ? Quelle est ta religion ? ». Les musulmans pieux répondront correctement à ces questions et auront la félicité dans leur tombe, tandis que les pêcheurs et autres non croyants n'y répondront pas correctement et seront châtiés.
Les mécréants seront châtiés en attendant le jugement[20] :
« Alors que le pire châtiment cerna les partisans de Pharaon : Le Feu, auquel ils sont exposés matin et soir. Et le jour où l'Heure arrivera (il sera dit) : Faites entrer les gens de Pharaon au plus dur du châtiment ! »
Ibn Kathir a dit : « ce verset est une grande référence dans l'argumentation des adeptes de la Sunna visant à prouver l'existence d'un châtiment dans la tombe pendant le barzakh ».
Traditionnellement, le judaïsme pensait que les défunts rejoignaient le royaume des morts, le Shéol, et qu'ils y demeuraient comme des ombres. Le livre de Job (vers 450 av. J.-C.) l'affirme : « Ma vie n'est qu'un souffle... Comme la nuée se dissipe et passe, qui descend au Shéol n'en remonte pas » (VII, 7-9). Seuls Énoch et Élie sont « enlevés vivants vers le ciel ». Les méchants n'ont pour châtiment que la souffrance et le malheur dans leur existence sur Terre, la stérilité ou la mort prématurée (Deutéronome, XXVIII). Cependant, Isaïe (53.12) et Ézéchiel (37.1-14) suggèrent la rétribution du juste et la résurrection à une vie nouvelle des morts réconciliés à Dieu.
La mystique juive, depuis le IIe s., considère que l'homme possède, en plus du corps physique, plusieurs âmes. Les néo-platoniciens juifs Abraham ibn Ezra (vers 1150) et Abraham bar Hiyya distinguent trois parties : nefesh, ruah, neshamah ; les kabbalistes ajoutent hayyah, yehidah. Les cinq noms de l'âme, sont, dans un ordre ascendant : la nefesh (esprit), le ruah (souffle, anima), la neshamah (âme, spiritus), la hayyah (vie), et la yehidah (union). Si l'on groupe en un acronyme les initiales de chacun de ces termes on obtient le mot naran-hai, NaRaN-HAI. C'est la doctrine du kabbaliste Isaac Louria, vers 1570, à Safed. « La nefesh reste pour un temps dans la tombe, voletant au-dessus du corps ; le ruah monte au paradis terrestre conformément à ses mérites ; et la neshamah retourne directement dans sa maison natale. Châtiment et rétribution n'incombent qu'à la nefesh et au ruah. Selon Moïse de Leon, une fois par jubilé cosmique, l'âme s'élève de sa communion avec la Shekhina [la Présence divine] jusqu'au paradis céleste caché dans le monde de l'esprit divin, c'est-à-dire jusqu'à la Sefirah Hokhmah [la Sagesse au sein de l'Arbre des sephiroths de la kabbale] »[21].
Dans le mormonisme, la vie après la mort est une partie du plan de salut par lequel Dieu réalise l'immortalité et la vie éternelle de l'homme. Sous certaines conditions, le mort peut devenir lui-même un dieu créateur.
Pour les anciens Grecs (Homère, Hésiode), l'âme du défunt passe le lac du Styx sur la barque de Charon. Elle franchit ensuite les portes d'airain gardées par Cerbère, et elle demeure à jamais dans l'Hadès, le monde invisible, sous terre, avec la vie d'une ombre, « dépourvue de force et de sens », sans espoir de retour (Odyssée, XI, 602). L'Achille d'Homère dit ceci : « Même dans la demeure d'Hadès, l'âme et l'image sont, après tout, quelque chose » (Iliade, XXIII, 103). Mais le sort des bons n'est pas meilleur que le sort des méchants. Seuls les grands criminels (Sisyphe, Tantale, Ixion) sont châtiés ; et seuls quelques privilégiés (Ménélas, Achille) sont transportés aux Îles des Bienheureux. Ennius soutient que, pour les Anciens, à la mort, le corps allait au tombeau, l'âme au ciel et l'ombre aux Enfers ; on lit dans l'Enéide (V, 81) : « Salut, cendres qui vainement me sont rendues, âme et ombre paternelles ».
Pythagore, Empédocle, Platon défendent la métempsycose.
Platon s'exprime par mythes[22] sur ce sujet. Dans le Gorgias (522-527), à la fin de leur première existence, toutes les âmes sont jugées, puis les âmes coupables sont châtiées, les autres récompensées aux Îles des Bienheureux. Selon La République, livre X (mythe d'Er), toutes âmes sont jugées (614 cd), puis les âmes des coupables sont conduites pour mille ans aux Enfers où elles sont châtiées ; les autres, pour la même durée de mille ans, vont au ciel (X 615 a) ; passé ce temps, elles reviennent toutes à la prairie du jugement (X 614 c), d'où elles gagnent le tribunal des Moires qui les renvoie sur la Terre, chacune choisissant, pour sa deuxième existence, son genre de vie (X 617 de). Le but est la purification[23].
Les anciens stoïciens (Zénon, Cléanthe, Chrysippe), avant Diogène de Babylone, croient en l'Éternel retour, c'est-à-dire à la répétition périodique sans fin des mêmes éléments de l'univers, âmes et comportements humains compris.
« Pour Plotin, chaque âme est conduite où elle a mérité de parvenir en fonction de sa vie passée. Le défunt, séjournant temporairement dans le monde des morts, revient sur terre pour se parfaire, pour corriger les conséquences de ses actes passés (Ennéades, I). Les âmes qui n'ont pu s'affranchir du corps retournent dans des corps humains. Quelques-unes même, qui sont devenues animales, retombent dans le corps des animaux (ce qui correspond, non à la doctrine de la réincarnation elle-même, mais plutôt au concept de métempsycose). Quelques-unes, des meilleures, sont admises à choisir elles-mêmes leurs nouveaux corps. D'autres, enfin, s'élèvent au-delà du ciel, sont changées en étoiles et, de là, contemplent le spectacle de l'univers (Ennéades, III, 4, 2-5). Enfin, les âmes les plus pures vont se confondre avec Dieu (Ennéades, III, 4, 6). Celui qui a tué devient un homme destiné à être assassiné ; un fils qui a tué sa mère redevient une mère tuée par son fils (Ennéades, III, 4, 13) »[24]. L'ensemble est réglé par la Providence (Ennéades, II, 3 ; III, 2 ; IV, 3).
La conception défendue par l'orphisme se place sur deux plans naturels (animal/humain). Selon Proclos[25], « Orphée veut que les âmes humaines s'en aillent aux lieux souterrains pour y être purifiées ou châtiées, et dans les prisons infernales où elles sont punies. Mais les âmes des animaux voltigent là-même dans l'air, jusqu'à ce qu'elles aient été de nouveau enchaînées en d'autres corps ». Purification pour les humains, palingénésie pour les animaux. La tradition orphico-pythagoricienne, dès la fin du Ve siècle av. J.-C., a laissé des « lamelles d'or » où se montrent l'espérance d'être délivré grâce à l'initiation, la nécessité pour l'âme de subir un examen à l'arrivée dans l'au-delà, la primauté de la déesse Mnémosyne (qui rappelle l'origine céleste de l'âme et donne le souvenir des existences antérieures), le besoin de se libérer de la soif de vivre corporellement, la distinction entre deux sources dans l'au-delà (la source de Mnémosyne, qui donne le souvenir aux initiés, à droite ; la source de Léthé, qui donne l'oubli aux non-initiés, à gauche). Les lamelles évoquent le voyage et l'épreuve de l'âme post mortem.
Le spiritisme repose entièrement sur l'idée de la survie de l'Esprit. Selon cette doctrine codifiée par Allan Kardec, la mort provoquerait une séparation entre le corps physique et le périsprit, c'est-à-dire l'enveloppe de l'Esprit. Cette séparation serait plus ou moins facile[27]. Ensuite, l'Esprit se trouverait dans une dimension qui correspondrait à son état d'avancement. Les différentes situations vécues par des personnes décédées, après leur arrivée dans un monde spirituel, constituent le contenu du livre : Le Ciel et l'Enfer. Ces affirmations sont assez similaires avec celles d'Emmanuel Swedenborg publiées antérieurement.
L'aspirant taoïste a parfois été décrit dans l'Antiquité, comme un « homme accompli » (zhenren 真人) qui au terme d'exercices spirituels et physiques, subissait une mutation, devenait léger au point de pouvoir s'élever dans les nuages et y chevaucher les dragons[28]. Devenu immortel (xian 仙), tantôt visible et invisible, il apparaissait ici et là à la fois, mobile mais sans forme ni corps. Ge Hong au IVe siècle, défendra l'idée que l'accomplissement de l'immortalité demande de « nourrir le principe vital » yangsheng 养生 (pratiques gymniques, techniques diététiques, respiratoires, etc.) mais surtout exige la fabrication et la prise d'un élixir d'immortalité.
« Prendre l’élixir sacré donne une interminable longévité, comme la terre et le ciel, permet d'aller sur les nuages, chevaucher les dragons, parcourir de haut en bas la Grande clarté (太清) »
(Ge Hong, Baopuzi, chap.4[29]).
Divers états d'« immortalité » (appelée aussi « transcendance »[30]) sont possibles : les adeptes qui se promènent sur les sommets des montagnes, nommés dixian 地仙 « immortels terrestres », ont un statut inférieur aux tianxian 天仙 « immortels célestes » qui désirent monter au Ciel rejoindre les esprits, :
« En ce qui concerne les méthodes d’absorption du cinabre transmuté 还丹 et du liquide d’or 金液, qui désire demeurer parmi les hommes n’en prendra qu’une demi-dose et conservera le reste, qu’il prendra plus tard s’il désire monter au ciel »
(Ge Hong, Baopuzi, chap.3[31])
Un troisième état est possible : « Les adeptes inférieurs meurent puis quittent leur enveloppe : ce sont des Immortels libérés de leur Corps 尸解仙 Shījiě xiān » (chap.2). Cette méthode de transcendance a un statut inférieur au deux autres car elle met en place une stratégie pour tromper l’administration céleste qui note dans un grand registre qui est mort et qui est vivant. Si le cercueil est ouvert et qu’on ne trouve pas de cadavre, un autre objet est trouvé à la place : un talisman, une épée, un vêtement[30].
D'une manière assez unique dans l'histoire des religions, l'idéal du zhenren真人 ou du xian 仙 (immortel, transcendent) a associé la libération spirituelle et l'immortalité physique.
Les religions des Indiens d'Amérique[32] font du royaume des morts une copie fidèle du monde des vivants. La représentation classique du royaume des morts en Amérique du Nord est désignée par ces termes : « les terres fortunées de la chasse ». Plusieurs tribus de la Prairie imaginent le séjour des morts comme une prairie ondoyante où ils chassent le buffle avec succès, habitent dans des tipis, festoient et dansent. Ceux qui ont péché sont exclus de la communauté, dans le royaume des morts, ils sont condamnés à la vie errante des spectres, ou ils périssent en se rendant dans l'autre monde ou encore ils sont envoyés dans un autre pays que celui qui accueille les morts ordinaires. L'idée d'un jugement dernier après la mort et celle d'une véritable loi du talion dans l'au-delà n'existent pas chez les Indiens.
Dans le védisme[33], une distinction est faite entre le corps et un principe invisible, asu, force vitale, essence à base de souffle, d'origine corporelle et impersonnelle, et manas, « esprit », siège désincarné de la pensée et des sens internes, situé au cœur. Le mort (preta) n'est que le double ombreux du vivant, comme là psychê homérique. La conception védique dominante est celle d'un empire des morts situé sous la terre, un lieu de ténèbres sans joie, sur lequel règne Yama et où conduit « le chemin vers les pères » (pitryâna). Dans le Rig-Veda récent, les éléments de l'individu à sa mort passent dans le Soleil, le vent, les eaux, les plantes. Rien de précis n'est dit sur le jugement, la durée des peines, les fins dernières.
À propos des Mystères d'Éleusis, Platon déclare : « Quiconque arrive dans l'Hadès en profane, sans avoir été admis aux Mystères et initié, sera couché dans le Bourbier ; celui qui, au contraire, aura été initié et purifié partagera, une fois arrivé là-bas, la demeure des dieux » (Phédon, 69c). Bourbier pour les profanes, félicité pour les initiés.
Rudolf Steiner, le fondateur de l'anthroposophie, prétendant tenir ses données sur la vie après la mort de ses propres « investigations spirituelles », expose ses vues dans ses livres et recueils de conférences[34],[35],[36]. Il distingue les étapes suivantes :
Les réincarnationnistes se divisent sur la durée de l'intervalle entre les incarnations, les règles de rétribution, etc.
Aucune preuve de survivance de la conscience après la mort physique n'a été recueillie scientifiquement, en dépit des témoignages du spiritisme et des nombreuses expériences de mort imminente (EMI). Le consensus scientifique actuel est que ce qu'on appelle « esprit » n'est que le fruit des connexions de nos neurones, et qu'en l'absence d'activité cérébrale, il ne se passe tout simplement rien. Dans sa série télévisée The Human Mind (BBC), Sir Robert Winston mentionne la possibilité que l'effet de tunnel vécu lors d'une expérience de mort imminente soit produit par l'activation anarchique des cellules de la rétine en l'absence d'oxygène, le reste relevant d'un rêve accompagnateur. Certains psychiatres[Qui ?] critiquent également l'interprétation de ces effets comme le signe d'une vie après la mort. Pour eux, il n'y a pas expérience d'un au-delà, mais traumatisme. Effectivement, on peut reproduire artificiellement une forme d'Expérience Hors du Corps[40] bien qu'elle ne soit pas réellement comparable à celle vécue dans le cadre d'une EMI (Jean-Pierre Jourdan, 2006).
Une approche épistémologique de certaines sciences comme l'anthropologie, l'astrophysique, la biologie, la généalogie et la génétique, couplée à une démarche phénoménologique et heuristique telle l'application du Rasoir d'Ockham, autorise à considérer pour vraisemblable que la mort, en tant que déclin du processus biologique, signe la disparition de l'être ontologique, mais que tout individu en tant que spécimen est appelé à recommencer une nouvelle existence terrestre en raison de sa filiation biologique à l'espèce humaine qui ne cesse de se reproduire. Ce scénario se rapproche du concept de métensomatose (déplacement d'un corps vers un autre) qui rejette toute survivance de l'âme en dehors de cause résultant de la simple transmission de gènes. Il postule que la mort est sans contenu métaphysique et ne sert qu'à renouveler l'espèce pour la perpétuer Ainsi, chaque décès se traduirait tôt ou tard par une renaissance terrestre qu'il est évidement impossible de prédire, mais que l'on peut raisonnablement supposer comme étant tributaire d'un groupe génétique (haplogroupe) ou d'une généalogie à laquelle chacun appartient[41].
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